Saucony Endorphin Pro 4 : La nouvelle référence des chaussures de compétition ?

Dans le monde hyper compétitif des chaussures de running à plaque carbone, chaque nouvelle sortie est scrutée de près par les coureurs en quête de performance. Et quand il s’agit d’une marque aussi iconique que Saucony, l’attente est encore plus forte. Après trois premières versions très réussies, la Endorphin Pro revient dans une 4e itération qui promet beaucoup. Nouveau design, nouvelle mousse, nouvelles sensations… les changements sont nombreux. Mais suffisent-ils à faire de cette Endorphin Pro 4 la nouvelle référence des chaussures de compétition ? Nous avons mené l’enquête.

Un look futuriste assumé

Dès le premier coup d’oeil, impossible de confondre cette Endorphin Pro 4 avec sa devancière. Exit les formes tout en rondeur de la V3, place à un design résolument agressif et anguleux. Tout dans cette chaussure respire la performance, des grandes canelures qui zèbrent la semelle aux lignes effilées de l’empeigne. On est presque face à une voiture de course avec ses appendices aérodynamiques.

Ce nouveau look futuriste est plutôt bien vu, apportant un côté « tech » bienvenu tout en se démarquant de la concurrence. Le coloris blanc nacré rehaussé de touches de rouge et le logo Saucony oversize renforcent encore son identité. Visuellement, Saucony frappe fort.

Autre changement notable au niveau de la tige : l’apparition d’une languette intégrée façon « chaussette » qui vient envelopper le pied. Une option à la mode, adoptée par de nombreuses marques. Son avantage est de répartir les pressions de manière homogène sur le cou-de-pied pour un meilleur maintien.

Le mesh aéré qui constitue l’essentiel de l’empeigne est complètement nouveau lui aussi. Plus structuré, il offre un bon compromis entre respirabilité et maintien, sans avoir la finesse d’une Vaporfly. Des renforts viennent solidifier l’ensemble au niveau des oeillets.

Dans l’ensemble, la qualité de fabrication est au rendez-vous, avec des finitions soignées dignes d’une chaussure premium. Seul petit bémol, l’apparition rapide de légères traces d’usure au niveau des zones de flexion, sans gravité.

Une nouvelle formule « magique » pour la semelle

La semelle de la Endorphin Pro 4 concentre l’essentiel des innovations. Et à ce petit jeu, Saucony a vu les choses en grand en mélangeant deux de ses mousses maison les plus performantes : la PWRRUN PB et la PWRRUN HG.

Pour rappel, la PWRRUN PB est une mousse en polybutadiène expansé, offrant un excellent ratio amorti/légèreté. C’est elle qui équipait déjà la Endorphin Pro 3. La PWRRUN HG est une mousse encore plus haut de gamme, fruit d’une collaboration entre Saucony et Pebax. Ultra légère et dynamique, elle a fait ses débuts sur la récente Endorphin Elite.

C’est donc un mariage très prometteur sur le papier, d’autant que Saucony annonce un gain de 5% d’amorti et de rebond par rapport à la Endorphin Pro 3. Sur la route, force est de constater que la magie opère. Dès les premières foulées, on est frappé par le dynamisme de cet amorti qui procure de très bonnes sensations. Le ressenti est assez ferme, avec un retour d’énergie immédiat à chaque impact. Pas de doute, on a bien affaire à une chaussure taillée pour la performance.

La répartition des mousses a été optimisée, avec la PWRRUN PB sur la majeure partie de la semelle pour apporter du confort, et la PWRRUN HG concentrée à l’avant pour booster le dynamisme. Un savant dosage qui fonctionne plutôt bien, même si d’un point de vue purement énergétique, on reste un cran en-dessous des mastodontes comme la Vaporfly ou la Metaspeed.

Enfin, si visuellement la semelle semble avoir pris du volume, il n’en est rien. Forcément, le « règlement » oblige, et Saucony a du se contenter des 40 mm maxi de stack height comme tout le monde. L’épaisseur réelle sous la talonnade est de 39 mm, pour 31 mm à l’avant, soit un drop de 8 mm, identique à la version précédente.

La plaque carbone, l’atout (presque) caché

Difficile en 2023 de concevoir une chaussure de compétition digne de ce nom sans y intégrer une plaque carbone. Celle de l’Endorphin Pro 4 est placée juste au-dessus de la semelle extérieure et court sur toute la longueur de la chaussure. Son positionnement favorise la stabilité, au détriment de la souplesse.

Cette plaque joue plusieurs rôles. D’abord, elle rigidifie l’ensemble et favorise le déroulé du pied vers l’avant. Ensuite, couplée à la géométrie en S de la semelle, elle accentue l’effet « bascule » (Speedroll dans le jargon Saucony), censé propulser le coureur. Enfin, son élasticité emmagasine de l’énergie à l’impact pour la restituer à la poussée, tel un ressort.

Dans les faits, si le côté « roulant » de la foulée est bien présent, la propulsion ressentie est un peu en-deçà de nos attentes. Saucony a fait le choix d’une plaque moins agressive que certains concurrents, plus facile à apprivoiser certes, mais potentiellement moins performante pour les profils à foulée dynamique. Un choix qui se comprend, mais qui empêche la Endorphin Pro 4 de jouer dans la cour des grands sur ce point précis.

L’adhérence, un point à surveiller

Parce qu’il n’y a pas que la mousse dans la vie, Saucony a aussi revu la semelle extérieure de sa Endorphin Pro. Les rainures longitudinales ont laissé place à un motif nid d’abeille censé optimiser l’accroche multidirectionnelle, tandis que le caoutchouc est plus épais à l’avant pour plus de résistance.

Lors de nos tests, nous avons pu vérifier la bonne adhérence de la chaussure, que ce soit sur route sèche ou légèrement humide. Par contre sur le mouillé, mieux vaut rester prudent, le relief peu prononcé de la semelle favorisant les glissades. Ce n’est pas un défaut propre à Saucony, la plupart des modèles à plaque carbone souffrant de la comparaison avec des semelles plus classiques.

Autre point à surveiller, la durabilité de cette semelle extérieure justement. La finesse du caoutchouc la rend plus sensible à l’abrasion, avec une usure potentiellement rapide pour les coureurs attaquant beaucoup avec l’avant du pied. Après une cinquantaine de kilomètres, notre paire présentait déjà quelques traces d’usure sous les orteils, sans incidence sur l’accroche ou l’amorti pour le moment. À confirmer dans la durée.

Le confort, dans la continuité des versions

Si la Endorphin Pro 4 mise avant tout sur la performance, elle n’en oublie pas pour autant le confort. Dès l’enfilage, on est agréablement surpris par la douceur des matériaux qui épousent parfaitement les formes du pied. Le chaussant est plutôt étroit sur l’avant, façon « performance fit », mais sans aucun point de compression désagréable, même pour les pieds larges.

La nouvelle languette intégrée façon chaussette remplit parfaitement son office en répartissant bien les pressions. Pas de sensation de gêne, ni de pli après plusieurs kilomètres, c’est tout bon. On apprécie aussi le renfort au niveau du talon qui assure un bon maintien, évitant tout frottement.

Seul petit bémol, le léger rebord que l’on sent sous le talon, juste au-dessus de la plaque carbone. Une sensation un peu étrange les premières fois mais à laquelle on s’habitue vite. Cela n’a en tout cas gêné aucun de nos testeurs.

Côté amorti, sans atteindre le niveau de confort d’une chaussure daily, l’Endorphin Pro 4 se défend bien. La répartition des mousses PWRRUN PB et HG apporte un bon équilibre entre douceur et dynamisme. Pas de sensation désagréable, même sur les longues sorties. C’est ferme, mais pas dur.

Le terrain de jeu de l’Endorphin Pro 4

Vous l’aurez compris, cette Saucony Endorphin Pro 4 est clairement orientée performance. C’est sur route et sur des allures rapides qu’elle donne le meilleur d’elle-même. Son amorti dynamique et sa plaque carbone en font un véritable atout sur les distances courtes comme le 5 km ou le 10 km.

Elle se montre aussi très à l’aise sur piste, offrant un bon maintien et une excellente réactivité pour vos entraînements en fractionnés. Vous pourrez enchaîner les tours de piste sans crainte, la stabilité est au rendez-vous.

Sur le semi-marathon, elle figure aussi parmi les meilleures options, à condition d’avoir une foulée adaptée aux chaussures « carbone » et une bonne condition physique. Son faible poids (environ 210 g en taille 42) est un avantage non négligeable sur la distance.

En revanche, sur marathon, elle montre quelques limites, notamment pour les coureurs moins expérimentés. Son amorti dynamique peut devenir fatigant sur la durée et elle n’offre pas la même économie d’énergie qu’une Nike Alphafly ou qu’une Asics Metaspeed Sky. Pour un coureur en 3h ou plus, il y a sans doute de meilleurs choix.

La question du prix

Impossible de passer à côté de la question du prix quand on parle d’une chaussure de compétition. Avec un tarif public de 250€, la Saucony Endorphin Pro 4 se place dans le haut du panier, au même niveau qu’une Nike Vaporfly ou qu’une Hoka Rocket X.

C’est certes un investissement conséquent, mais relativement justifié au regard des technologies embarquées et des performances proposées. La qualité de fabrication semble aussi au rendez-vous, ce qui est rassurant pour la durabilité, même si seul le temps nous le dira.

Le plus dur finalement sera de choisir parmi toutes les excellentes chaussures carbone du moment, chacune ayant ses points forts. À ce petit jeu, la Saucony Endorphin Pro 4 a des arguments solides, sans pour autant surclasser la concurrence.

Verdict de la Saucony Endorphin Pro 4

Arrivée sur le tard dans la bataille des chaussures « carbone », la Saucony Endorphin Pro 4 parvient à tirer son épingle du jeu sans révolutionner le genre. Dotée d’un amorti dynamique et confortable, d’une plaque carbone bien dosée et d’un nouveau look futuriste, elle coche de nombreuses cases.

Certes, elle ne surclasse pas (encore) les références du marché en termes de rendement pur ou d’économie d’énergie, mais constitue une alternative crédible, notamment sur les distances courtes et le semi. Les coureurs expérimentés y trouveront une alliée de choix pour leurs compétitions.

Son positionnement « intermédiaire », à la croisée des chemins entre performance et accessibilité, en fait finalement une très bonne porte d’entrée dans le monde des chaussures à plaque carbone. Moins agressive qu’une Vaporfly mais plus dynamique qu’une Hyperion Elite, elle conviendra à un large spectre de pratiquants.

En résumé, la Saucony Endorphin Pro 4 est une excellente chaussure, peut-être la meilleure à ce jour proposée par la marque, qui mérite amplement sa place dans la course aux podiums. Et même si elle ne décroche pas (encore) la médaille d’or, elle prouve que Saucony a définitivement les moyens de jouer dans la cour des grands. Vivement la V5 !