La saga Nike Air Zoom Pegasus franchit un cap symbolique en 2023 avec la sortie de la 40ème version de ce modèle légendaire. Depuis 1983, les Pegasus incarnent la chaussure de running polyvalente par excellence, séduisant des millions de coureurs par leurs performances accessibles à tous. Pour marquer cet anniversaire, la Pegasus 40 s’offre un relooking subtil, conservant l’essence qui a fait son succès tout en s’adaptant aux attentes actuelles. Faut-il succomber à cette nouvelle édition ? Réponse dans ce test complet.
Un nouveau look épuré et abouti
Dès le premier coup d’oeil, la Pegasus 40 affiche une esthétique renouvelée, plus sobre et plus premium que la version 39. Fini le mesh classique coloré, l’empeigne adopte désormais un tissu lisse monochrome (blanc, noir ou gris suivant les coloris), uniquement rehaussé par le swoosh et quelques détails réfléchissants. Le design apparaît plus mature et intemporel, de bon augure pour un modèle fêtant ses 40 printemps !
Cette nouvelle tige a été conçue en analysant chaque couche individuellement pour optimiser la respirabilité sans sacrifier le maintien. Mission accomplie : les aérations sont nombreuses et bien visibles, idéalement placées au niveau des zones de forte sudation (sur les côtés, en haut de la languette). Le mesh fin mais dense procure une excellente ventilation, appréciable par temps chaud, tout en filtrant efficacement les poussières et graviers.
Le choix d’un tissu plus qualitatif apporte aussi un meilleur soutien, notamment au niveau du talon et au-dessus des orteils où des renforts souples viennent structurer l’ensemble. On note l’arrivée d’oeillets de laçage plus classiques, directement intégrés à l’empeigne, remplaçant les œillets indépendants en plastique des Pegasus 39. Ce détail renforce la robustesse de l’attache tout en offrant un look plus épuré, même s’il réduit un peu la flexibilité latérale. La languette épaisse et bien rembourrée ajoute une touche de confort, même si sa longueur pourrait encore être optimisée.
Un chaussant (trop) proche du pied
La Pegasus 40 conserve le chaussant emblématique des Pegasus récentes, à savoir un fit serré, surtout au niveau de l’avant et du milieu de pied. Le pied est littéralement enveloppé, procurant une sensation de tenue et de connexion optimale, idéale pour les foulées dynamiques. Revers de la médaille, les pieds larges ou en hauteur risquent de se sentir à l’étroit dans ce cocon très enveloppant, malgré le contrefort souple au niveau du talon.
Nike propose heureusement une version “Wide” avec une tige plus volumineuse, mais uniquement sur certains coloris. Hormis pour les pieds très fins, mieux vaudra essayer la Pegasus en magasin avant de la commander en ligne. Et n’hésitez pas à monter d’une demi-pointure par rapport à vos Nike habituelles si vous avez un doute.
Ceux cherchant plus de liberté pour leurs orteils devront plutôt s’orienter vers d’autres modèles aux coupes plus généreuses (Zoom Fly, Infinity Run, Invincible Run…). Un changement bienvenu serait d’ailleurs d’intégrer quelques couleurs de Pegasus 40 dans ces différentes gammes de largeur. Car passé cette réserve sur le chaussant étroit, le confort global aux pieds est au rendez-vous, sans point de compression ni de frottement à déplorer.
Une foulée dynamique mais ferme
La semelle de la Pegasus 40 conserve la technologie des modèles précédents, avec environ 30 mm de mousse React sous le talon (27 mm) et l’avant-pied (17 mm), intégrant deux unités Air Zoom. Le drop de 10 mm est la norme pour convenir à une majorité de coureurs, des attaquants du talon aux universels, en passant par ceux qui roulent du milieu/avant.
Les sensations de course se révèlent sans surprise fidèles à l’héritage Pegasus : un amorti plutôt ferme et tonique, loin des trends actuels favorisant la souplesse à outrance et les énormes épaisseurs de semelle. Avec “seulement” 255 g en taille 42 (270 g sur notre balance en 42.5, poids quasi-identiques à la Peg 39), la Pegasus 40 se veut véloce et incite à la foulée rapide et dynamique.
La mousse React dense procure d’excellentes sensations de rebond et de propulsion, surtout à allure élevée, mais pourra sembler un peu rigide sur les longues distances lentes. Les unités Air Zoom sont bien présentes (on sent leur effet “trampoline” sous le pied) mais ne procurent pas de véritable effet coussin non plus. Résultat, l’attaque et les transitions sont toniques mais les impacts peuvent être fatiguants, surtout pour les lourds gabarits. Le caoutchouc carbone injecté de la semelle externe accroche bien sur le sec, un peu moins sur le mouillé.
Une chaussure taillée pour la performance
Avec son amorti ferme et réactif, la Pegasus 40 impose un tempo soutenu et se prête davantage aux entraînements rythmés (fartleks, fractionnés, côtes) qu’à l’endurance fondamentale. Sur piste ou sur route, elle donne le meilleur d’elle-même lorsque la vitesse s’accélère, offrant un super compromis dynamisme/stabilité compte tenu de son tarif contenu (130 euros). Elle conviendra aussi bien pour les compétitions de 10 km que pour le semi-marathon, tant son accroche et sa réactivité facilitent l’allure élevée.
Il faudra en revanche monter en gamme si votre priorité va à l’amorti (Invincible Run, Infinity Run) ou aux records chronométriques (Vaporfly, Alphafly). Les Zoom Fly restent aussi un excellent choix si vous voulez goûter à la haute performance façon Nike sans casser votre tirelire. La Pegasus demeure néanmoins une référence en matière de polyvalence accessible au plus grand nombre, autorisant de s’aventurer sur tous types de routes et chemins, pour toutes distances jusqu’au marathon. Son amorti ferme facilitera aussi la transition pour les traileurs souhaitant une paire pour le bitume.
Verdict : Pegasus 40
En soufflant sa 40ème bougie, la Nike Pegasus prouve qu’elle a encore de belles années devant elle. Son lifting esthétique la remet au goût du jour sans renier son ADN de chaussure polyvalente alliant dynamisme et stabilité. Les évolutions techniques restent minimes (tige plus respirante, œillets intégrés) mais on apprécie que Nike n’ait pas cédé à la tentation de copier ses concurrents en terme d’amorti. La Pegasus 40 assume sa fermeté légendaire, gage d’efficacité pour les foulées rapides mais déroutante sur les sorties lentes.
Son chaussant très enveloppant séduira les pieds fins mais exclura malheureusement les gabarits plus costauds, sauf à opter pour les versions Wide limitées à quelques coloris. En stabilisant son prix sous les 130€, la Pegasus 40 constitue une excellente porte d’entrée chez Nike, capable de satisfaire un très large public de coureurs. Et de perpétuer la success-story Pegasus pour les 40 prochaines années ?